L’apparition du Corona Virus n’a eu de cesse de bouleverser les équilibres, modifier les repères et changer les pratiques. Ces dernières années le coût de la scolarité suivait de façon relativement fidèle le cours de l’inflation avec des chiffres qui oscillaient entre 0 et 1 %.
Cette année 2020 est exceptionnelle puisque le coût de la scolarité augmente de plus de 6 %. Les échanges que nous avons pu avoir avec les familles nous ont permis d’éclairer les raisons de cette hausse très importante :
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Le numérique toujours plus présent
La crise du corona virus est venue fortement accentuer une logique déjà à l’œuvre depuis quelques années : la place de plus en plus importante du numérique dans la scolarité des enfants. En effet, dès la sixième, il devient difficile pour un enfant d’effectuer certains travaux (exposés et devoirs maison) sans un minimum d’équipement numérique : ordinateur, tablette, connexion internet, imprimante.
Depuis plusieurs années, la présence de matériel numérique dans les listes de fournitures est devenue une pratique courante.
Les listes s’allongent …
Ce n’est pas une hausse très significative mais nous constatons dans les listes recueillies un nombre plus important d’articles que l’an passé. La période de confinement a probablement impacté le choix des enseignants dans la composition des listes, beaucoup d’entre eux ont davantage voulu accompagner le travail des enfants à la maison. Cela s’est donc traduit par des demandes plus importantes en termes de fournitures.
Investir l’école est rassurant pour les parents
Tous les jours, les conséquences de la pandémie nous alarment et nous inquiètent. Les inégalités entre riches et pauvres se creusent. Le taux de chômage actuel (plus de 14 %) et le nombre de personnes passées sous le seuil de pauvreté (plus de 10 millions d’individus) battent des records.
Cette atmosphère pessimiste et anxiogène incite les parents à davantage investir dans la scolarité de leurs enfants. Une traduction concrète est que les parents privilégient les fournitures de qualité plutôt que les premiers prix.
Une augmentation significative en CP et en 6 ème
Avec plus de 10 % d’augmentation du coût de la scolarité en classe de CP et de 6ème, les parents investissent plus particulièrement les changements de niveau car il s’agit d’un moment charnière et décisif pour leurs enfants.
Les parents veulent faire plaisir à leurs enfants
Au regard des témoignages (livret confinement) que nous avons recueillis, le confinement fut difficile à vivre pour tout le monde. Cela fut plus particulièrement vrai pour les enfants, qui, pour la plupart, n’ont pas vraiment compris ce qui s’était passé. Beaucoup d’entre eux ont souffert de l’enfermement et de l’éloignement avec leurs camarades de classe. Les parents soucieux de vouloir «effacer» le mauvais souvenir du confinement ont été plus généreux que d’habitude en cédant sur l’achat des fournitures de marque et parfois à l’effigie de personnalités ou clubs célèbres.
L’ARS : une augmentation « exceptionnelle » bienvenue
L’effort exceptionnel d’augmenter de 100 € l’ensemble de l’ARS pour les familles à la rentrée, est un geste du gouvernement dont La CSF se réjouit. L’épreuve du confinement fut, pour les familles les plus défavorisées, très éprouvante à bien des titres, notamment sur le plan financier.
D’ailleurs, beaucoup de familles sont encore impactées aujourd’hui.
100 € ne compensent pas la perte d’un emploi, mais cet effort significatif donnera une bouffée d’air aux familles pour affronter la rentrée et son cortège de dépenses incontournables…
Restauration scolaire, logement transport, aides régionales et départementales …. des inégalités, toujours des inégalités !
Chaque année nous étudions les prix des logements et de la restauration ville par ville. Nous observons les montants des aides et les prix des transports région par région, nous constatons que l’impact budgétaire pour les familles, en charges comme en ressources, dépend d’abord de leur lieu de vie et nous mettons en exergue des inégalités territoriales graves. C’est pourquoi, La CSF revendique depuis de nombreuses années des pratiques uniformisées pour l’ensemble des postes de dépenses liées à la scolarité : encadrement des loyers, harmonisation des prix de la cantine, gratuité des transports scolaires…
L’instruction obligatoire à 3 ans : une nouveauté à mieux penser
Si cette mesure va dans le bon sens au regard de l’égalité des chances devant l’Éducation, elle reste symbolique puisque 97 % de ces enfants étaient déjà scolarisés. La vraie question pour La CSF est celle des objectifs fixés à cette obligation d’instruction et des moyens afférents. La deuxième interrogation, corollaire de la précédente, concerne l’impact financier pour les familles. Au motif de cette obligation d’instruction, va‐t‐on assister au retour de listes pléthoriques de fournitures demandées aux familles, listes que nous avons combattues dans le passé et qui avaient quasiment disparu ?
Nous rappelons la notion de Gratuité absolue de l’instruction obligatoire, d’autant que cette scolarisation n’est pas accompagnée d’une aide aux familles puisqu’il n’a pas été envisagé d’étendre l’ARS à cette tranche d’âge
La CSF exige que l’ensemble des dépenses en maternelle soient prises en charge par l’école. Dans cette optique un soutien de l’état est nécessaire.
Pas de liste ministérielle cette année :
Tous les ans, nous analysions la liste de fournitures proposées par le ministère de l’éducation. Cette liste nous permettait d’analyser les préconisations au regard des pratiques d’achat concrètes des familles. Nous avons fréquemment contesté l’utilité de cette liste car elle est assez peu suivie par les enseignants.
Nous avons toujours milité pour que les listes de fournitures soient discutées avec des associations nationales de parents d’élèves car elles sont parfois excessives et représentent un coût important pour les familles. Cette harmonisation que nous appelons de nos vœux serait sans doute un vecteur de plus d’égalité et de justice entre les familles.
A l’heure où nous bouclons le dossier, le Ministère n’a toujours pas produit sa liste type. Pas de commentaires donc.
Une bataille des idées à mener
La CSF est une association qui agit depuis 1946 auprès des pouvoirs publics pour faire reconnaître et évoluer le droit des familles. Attentive aux évolutions sociétales, elle condamne les inégalités et injustices grandissantes entre les familles aisées et plus précaires. Le corona virus n’a fait que mettre en lumière un système scolaire inadapté et élitiste. Il nous faut repenser l’éducation, l’école, l’écologie, etc, afin que notre modèle de société réponde davantage aux valeurs de justice, d’égalité et de respect de l’environnement. Nous appelons ces changements de nos vœux. Et il y a urgence !